Introduction
Au Maroc, le câprier se trouve essentiellement à l’état naturel dans plusieurs régions, notamment à Fès, Taounate, Marrakech, Safi, Meknès, Sidi kacem et Taroudant. Quelques pieds éparpillés se trouvent sur des falaises et rochers des régions de Tazka (Taza), Driouch (Nador), Tinghir, Khénifra et Errachidia. Au cours de la campagne 2011-2012, la production des câpres a atteint un volume de 31 700 tonnes (MAPM, 2013) avec un pic des exportations d’une valeur de 388 millions DH. Cette situation a permis au Maroc de garder sa place du leader mondial en termes de production et exportation des câpres. De point de vue usage, le câprier est utilisé à différentes fins : l’alimentation humaine, la phytothérapie et en ornement. La câpre qui est le bouton floral, le capron (fruit) et la partie terminale des jeunes tiges sont les parties de la plante consommées avec une grande préférence pour le bouton floral (figure 1). La câpre présente une fonction apéritive, digestive et antirhumatismale. Son arôme particulier, qui est conférée par la glucocapparine (un glucoside) fait d’elle un condiment typique des plats méditerranéens. Les graines, l’écorce des racines et les feuilles sont utilisées également en médecine traditionnelle. L’objectif de cette étude est l’analyse de la diversité génétique des écotypes locaux du câprier.
Approche méthodologique
Les prospections ont été effectuées dans les principales zones de production du câprier à savoir Safi, Essaouira, Marrakech, Fès, Taounate, Meknès, Moulay Driss Zerhoun et Sidi Kacem (figures 1 et 2). La collecte a touché le maximum de diversité géographique dans ces régions afin d’optimiser la variabilité génétique échantillonnée. Le nombre de génotypes prélevés par site dépend de l’importance de cette variabilité. Le repérage des arbustes a été effectué durant la période de production des câpres (Juillet). Pour chaque pied repéré, un échantillon de 4 rameaux primaires de l’année d’une longueur d’environ un mètre est prélevé de manière à couvrir les différentes orientations de l’arbuste (Nord, Sud, Est, Ouest). Des échantillons de feuilles, de câpres et de caprons sont utilisées pour la prise de mesure de différents paramètres morphologiques (dimensions, forme, couleur, poids …).
Résultats Majeurs
La caractérisation morphologique de l’ensemble des génotypes collectés fait ressortir les descripteurs suivants :
Couleur de la tige
Trois couleurs ont été distinguées : vert, rouge-pourpre, vert teinté en rose. Les génotypes de la région de Marrakech (Moulay Brahim, Imlil) présentent des tiges généralement pourpres. Toutefois cette couleur n’est pas spécifique à une région donnée mais nous l’avons également rencontré chez des génotypes des régions de Meknès et Fès.
Pubescence
Des poils fins peuvent être observés au niveau de la tige, le pétiole, la feuille, la câpre. Ce caractère varie d’une pubescence absente jusqu’à une pubescence dense ou très dense. Les écotypes des régions de Taounate, Meknès, Taza présentent une pubescence dense à très dense. Alors que ceux des régions de Safi, Marrakech et régions sont en général glabres.
Epines stipulaires
L’ensemble des génotypes étudiés présentent une paire d‘épines, à la base du pétiole, d’une vigueur faible ou forte. La majorité des génotypes étudiés se caractérise par des épines fortes avec une couleur jaune/orange, orientées généralement vers le bas d’une longueur allant de 1 à 6 mm.
Morphologie des feuilles
Concernant la forme de la feuille, l’étude a montré l’existence d’une variabilité assez importante pour ce caractère au sein d’une même région. Ainsi, quatre formes ont été rencontrées : elliptiques, ovales, obovales et cordées.
Morphologie des câpres et caprons
Les câpres et les caprons constituent les organes les plus prisés du câprier. Par rapport à la forme de câpre, le spectre de variabilité reste restreint allant d’une forme ronde ou cordiforme. De même pour le capron, les formes rencontrées sont soit ovales ou obovales. Par contre la fermeté de câpre, indicateur important de sa qualité commerciale (indicateur d’une bonne aptitude à la conservation), diffère selon les génotypes et les régions.