LA CHAINE DE VALEUR DU CAROUBIER AU MAROC : ENTRE VALORISATION LOCALE ET INSERTION DANS LES MARCHES MONDIAUX

Par Reda MEZIANI (INRA CRRA Meknès)

Dr Reda Meziani - Biotechnologie (URAPV-CRRA Meknès)
Dr Reda Meziani
Chercheur, Biotechnologie
URAPV-CRRA Meknès

Le caroubier (Ceratonia siliqua L.), arbre méditerranéen à vocation agro-sylvo-pastorale, constitue une espèce stratégique pour le Maroc. Résilient face au stress hydrique et aux sols pauvres, il contribue à la préservation des terres marginales, à la biodiversité et à l’amélioration des revenus des populations rurales. Avec près de 100.000 ha de vergers (dont 71.000 ha en domaine forestier) et une production annuelle oscillant entre 40.000 à 60.000 tonnes, le Maroc figure parmi les principaux producteurs mondiaux.

Le fruit du caroubier, la caroube, est d’une grande polyvalence. Il est utilisé aussi bien dans l’alimentation humaine et animale que dans l’industrie. La gomme de caroube (E410), extraite des graines, constitue le principal produit de la filière. Elle est très prisée dans les secteurs agroalimentaire, pharmaceutique et cosmétique. Le Maroc occupe la première place mondiale parmi les exportateurs de graines de caroube, représentant près de 67 % du chiffre d’affaires international.

Au-delà de son importance économique, le caroubier joue un rôle environnemental et sociale de premier plan. Sa capacité d’adaptation aux conditions climatiques extrêmes et sa valorisation des terres marginales en font un atout essentiel dans la lutte contre la désertification. De plus, la filière génère des emplois dans les zones rurales et constitue un levier de développement local durable, notamment dans le cadre des stratégies nationales Génération Green et Forêts du Maroc 2020-2030.

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MODELISATION ET CARTOGRAPHIE DE L’HABITAT CLIMATIQUE DU CAROUBIER (Ceratonia siliqua) POUR ORIENTER SON EXTENSION AU MAROC

Par Amal Labaioui et Ahmed El Bakkali (INRA CRRA Meknès)

Ir Amal Labaioui, Chercheure (URGRNSEQ - CRRA Meknes)
Ir Amal Labaioui,
Chercheure, Science du Sol
URGRNSEQ – CRRA Meknès

Le caroubier (Ceratonia siliqua L.) est une espèce agro-sylvo-pastorale, typique de la flore méditerranéenne. Au Maroc, il est localisé en association avec l’olivier, le lentisque, le thuya ou l’arganier (Sbay, 2008), dans les plaines et les moyennes montagnes du Rif, du Moyen Atlas, du Haut Atlas et de l’Anti-Atlas, et dans des bioclimats allant de l’humide au subhumide, semi-aride et aride côtier, avec des variantes chaudes et tempérées (Khouas et Hamamou, 2020). La principale population spontanée de caroubier se situe entre 600 et 1000 m d’altitude, souvent en association avec d’autres espèces forestières et abritée des vents et du froid (Ait chitt et al., 2007).

Des études confirment que le caroubier se comporte comme une espèce résistant à la sécheresse, s’adaptant morphologiquement et physiologiquement au déficit hydrique (Rejeb, 1995). Grâce à ses aptitudes d’adaptation aux stress du sol et du climat, il pourrait contribuer  au développement des zones défavorisées. Il joue un rôle important dans la protection des sols contre la dégradation et l’érosion, ainsi que dans la lutte contre la désertification (Zouhair, 1996). Son importance a considérablement augmenté ces dernières années avec le développement industriel de la caroube, devenue une matière première indispensable dans le secteur agroalimentaire (Sbay, 2008).

En raison de son intérêt écologique et économique, le caroubier est devenu l’une des espèces cibles du programme gouvernemental de développement agricole initié en 2008. Selon l’ANEF (Agence Nationale des eaux et forêts), la superficie totale de caroubier au Maroc  est de 80.000 ha, dont 68.000 ha en forêts domaniales et 12.000 ha en terrains privés, principalement dans la région de Béni Mellal-Khénifra. Le programme « Forêt du Maroc 2020-2030 » vise à augmenter la superficie de caroubier de 5 100 ha/an dans les domaines forestiers d’ici 2030 (AgriMaroc, 2023). Parallèlement, la stratégie Génération Green (GG) prévoit la plantation de 125.000 ha d’ici 2030. Les futures plantations doivent tenir compte des aspects physiologiques et phytosociologiques de l’espèce, ainsi que de ses exigences (xérophile, thermophile et héliophile) (Eddabih, 2024).

Pour orienter les nouvelles plantations vers les zones favorables à sa culture, il est nécessaire d’étudier sa répartition géographique potentielle à l’échelle nationale et de déterminer les paramètres environnementaux qui régissent cette répartition. L’objectif de cette étude est de modéliser l’aire de distribution potentielle du caroubier afin d’identifier les zones favorables à son extension dans les conditions climatiques actuelles au Maroc.

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GESTION DE LA FERTILSATION AZOTEE ENTRE EFFICIENCE AGRONOMIQUE ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX

Par Karima BOUHAFA (INRA CRRA Meknès)

Dr Karima Bouhafa
Chercheure Science du sol
URGDRNSEQ-CRRA Meknès

Au cours des dernières décades, l’apport d’azote (N) est devenu de plus en plus important pour la croissance des cultures pour nourrir une population humaine croissante, qui devrait doubler d’ici 2050 (Xin et al., 2015 ; Liu et al., 2018). La réduction des surfaces  agricoles, due à l’industrialisation et à l’urbanisation, a également entraîné une augmentation continue de la demande en azote pour satisfaire l’approvisionnement des cultures (David et al., 2011 ; Hobbie et al., 2017). Pour répondre à cette demande croissante d’azote, l’utilisation d’engrais chimiques et de fumiers organiques, représentant environ 75 % des apports totaux d’azote agricole selon Davidson (2009) (les autres sources d’apports en azote sont le dépôt de N et sa fixation biologique), a augmenté de 30,7 % à l’échelle mondiale au cours des 15 dernières années. L’usage intensif d’engrais azotés minéraux a ainsi entrainé l’explosion  de la production végétale observée dans le monde au cours du siècle dernier (Tilman, 1999 ; Ladha et al., 2005 ;  Hirel et al. 2007). Cependant, depuis les années 1990, l’augmentation des doses d’engrais n’a plus permis d’améliorer significativement les rendements des cultures, et l’efficience d’utilisation de l’azote demeure relativement faible (Yang et al., 2023). Selon Smil (1999) et Erisman et al. (2007), seulement 33 % de l’azote apporté est réellement absorbé par les cultures, tandis que le reste est perdu dans l’environnement, constituant ainsi une menace majeure pour les écosystèmes.

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FORMULATION D’UNE HUILE VEGETALE COMBINEE PRESSEE A FROID A PARTIR DE QUATRE GRAINES OLEAGINEUSES MAROCAINES : UNE ALTERNATIVE NUTRITIONNELLE DURABLE

Par Ibtissame Guirrou1,2, Abderraouf El Antari3, Charafeddine Kassimi1, Abdelhay El Harrak2 et Abdelghani Nabloussi1.

1 INRA CRRA Meknès  – 2 UMI FS Meknès – 3 INRA CRRA Marrakech.

Ir Ibtissam Guirrou-Chercheure, Technologie alimentaire, URGRNSEQ - CRRA Meknes
Dr Ibtissam Guirrou-Chercheure, Technologie alimentaire, URGRNSEQ – CRRA Meknes

Les huiles végétales constituent un pilier de l’alimentation humaine grâce à leur densité énergétique, leur richesse en acides gras essentiels et leur apport en micronutriments tels que les vitamines liposolubles et les antioxydants naturels (Diosady and Krishnaswamy, 2018). Dans un contexte de demande croissante pour des produits alimentaires plus sains et durables, la recherche explore de nouvelles approches visant à améliorer la qualité nutritionnelle et fonctionnelle de ces huiles. De nombreuses études ont mis en évidence les bienfaits des huiles extraites de graines uniques, reconnues pour leur teneur en acides gras essentiels (oméga-3 et oméga-6) que l’organisme ne peut synthétiser, ainsi que pour leurs composés bioactifs (vitamines A, D, E, K, tocophérols, polyphénols et coenzyme Q) naturellement présents dans des espèces comme le colza, le tournesol ou le soja. Ces micronutriments jouent un rôle déterminant non seulement dans les propriétés sensorielles des huiles, mais aussi dans la prévention des maladies cardiovasculaires et de certains cancers (Orsavova et al., 2015; Xuan et al., 2018; Tonin, 2018; Zarrouk et al., 2019; Salah and Nofal, 2021; Liu et al., 2021).

Plus récemment, Memon et al., 2024 ont souligné les avantages de la combinaison de plusieurs huiles, permettant d’obtenir un profil lipidique plus équilibré, une meilleure stabilité au stockage et des qualités nutritionnelles renforcées.

Dans cette perspective, l’INRA (CRRA de Meknès) a développé une huile végétale vierge (extraite par pressage à froid) issue d’un mélange spécifique de quatre graines oléagineuses locales à savoir : le colza, le tournesol, le sésame et le carthame.

Cette formulation innovante vise à valoriser le potentiel des ressources oléagineuses marocaines tout en répondant à des enjeux nutritionnels et de durabilité.

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PARCOURS D’HOMMES ET DE FEMMES DANS L’ENTREPRENARIAT RURAL : UNE LECTURE GENREE DE L’ECOSYSTEME DE FES-MEKNES

Par El Houssain Bouichou, Aziz Fadlaoui  et Noureddine Bahri (INRA CRRA Meknès)

Dr El Houssain Bouichou
Sciences économiques et sociales appliquées en agriculture

L’étude de l’entrepreneuriat sous l’angle du genre a émergé dans les années 70 (Holmquist et Sundin, 2020). Alors que les pays développés ont accompli des avancées notables dans ce domaine, les pays en développement, dont le Maroc, demeurent encore en phase d’émergence. Selon Hoy (1987), l’entrepreneuriat rural désigne la création et la gestion d’entreprises en milieu rural, contribuant à l’emploi et au développement économique local. Ce processus est façonné par diverses dynamiques, notamment celles liées au genre, qui influencent les interactions sociales et économiques. Au Maroc, l’entrepreneuriat rural s’affirme comme une alternative prometteuse pour lutter contre l’exode rural et renforcer l’autonomie économique des populations rurales. Divers programmes incitent les jeunes à investir dans l’agro-industrie, la transformation des produits agricoles, ainsi que dans l’innovation technologique appliquée aux secteurs agricole et non agricole, favorisant ainsi un développement local durable.  Amenés à user de stratégies innovantes et de contournement des diverses contraintes sociales et institutionnelles qui se dressent devant leur accès aux ressources productives (terre, eau, capital), les jeunes ruraux empruntent des chemins tels la conception de projets agricoles soumis au financement public ou l’engagement dans l’action collective associative ou coopérative.

La stratégie Génération Green 2020-2030 ambitionne de favoriser l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs ruraux en facilitant l’accès aux ressources et en accompagnant les projets d’investissement. Ces initiatives contribueraient non seulement à la création d’emplois, mais également à la valorisation des ressources locales et à la modernisation des pratiques agricoles. Grâce à des dispositifs de formation, de soutien à la création d’entreprise et de financement adapté, les jeunes sont encouragés à investir de nouveaux secteurs d’activité et à développer des projets innovants, en adéquation avec les besoins du marché.

Cependant, l’entrepreneuriat demeure largement dominé par les hommes, avec des inégalités persistantes en matière d’accès au financement, aux opportunités et aux réseaux d’affaires. Ces disparités sont encore plus marquées en milieu rural, où les femmes doivent surmonter de multiples contraintes d’ordre socioculturel, économique et institutionnel. Malgré les initiatives mises en place pour réduire ces écarts, l’entrepreneuriat féminin continue de faire face à des obstacles qui limitent son impact sur le développement local. La perception des compétences, l’accès restreint aux ressources financières et la difficulté à intégrer les réseaux professionnels constituent autant de freins à leur réussite.  

Cette étude, centrée sur la région de Fès – Meknès, vise à analyser et comparer les spécificités de l’engagement entrepreneurial des hommes et des femmes. En mettant en lumière ces dimensions, cette recherche a pour ambition d’identifier les différences et similitudes entre leurs trajectoires entrepreneuriales en milieu rural, tout en examinant les défis et les opportunités propres à chaque groupe.

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