ÉVALUATION DE LA PÉRIODE DE FLORAISON DE LA COLLECTION D’AMANDIER (Prunus amygdalus Batsch) INSTALLÉE AU DOMAINE EXPÉRIMENTAL D’AIN TAOUJDATE. Par Hakim Outghouliast, Ali Mamouni et Mohamed Lahlou (INRA – CRRA Meknès)

Ir Hakim OUTGHOULIAST, Chercheur, Amélioration génétique des arbres fruitiers, URAPCRG-CRRA Meknès

Ir Hakim OUTGHOULIAST, Chercheur, Amélioration génétique des arbres fruitiers, URAPCRG-CRRA Meknès

L’amandier (Prunus amygdalus Batsch) est toujours considéré comme la première espèce fruitière à fleurir et la date de floraison est généralement considérée comme un caractère quantitatif pour la majorité des cultivars d’amandier. Dans les programmes d’amélioration génétique entrepris dans le pourtour méditerranéen, la floraison tardive a été une caractéristique recherchée pour l’amandier afin d’éviter les risques de gelée et d’assurer des conditions de température favorables pour la pollinisation et la fécondation. Les perturbations météorologiques, dont le réchauffement climatique et la réduction de la pluviométrie à l’échelle planétaire, concernent également le Maroc. En effet une réduction des disponibilités en froid nécessaire à la satisfaction des besoins thermiques des espèces arboricoles a été enregistrée durant certaines années et les aléas climatiques, notamment la gelée et la grêle, deviennent fréquentes. Une collection de conservation d’amandier a été établie sur la base d’introduction de variétés étrangères qui font l’objet d’étude de comportement et d’évaluation avant toute sélection au sein de cette collection. L’objectif assigné à cette investigation est d’évaluer le comportement physiologique, en l’occurrence les périodes de floraison de cette collection, en se focalisant essentiellement sur les variétés à floraison de saison ‘ Marcona’ et son pollinisateur classique ‘Fournat de breznaud’, en plus du groupe de variétés à floraison tardive qui sont largement plantées en amanderaies de production dans le bassin méditerranéen.

Photo 1 : Photo 1 : Amandier en pleine floraison.

Photo 1 : Photo 1 : Amandier en pleine floraison.

Méthodologie

Le matériel végétal faisant l’objet des observations de la période de floraison est constitué des génotypes de la collection d’amandier du domaine expérimental Ain Taoujdate, à raison de trois arbres par génotype (e=3, E=5). Ces génotypes ont été greffés sur le semis de ‘Marcona’ et conduits en sec. Les observations concernant le stade de floraison ont été réalisées quotidiennement pendant toute la durée de floraison d’amandier afin d’établir le diagramme de floraison effectif des variétés étudiées. L’époque de floraison a été évaluée visuellement selon des notations conformes à l’échelle BBCH (c’est quoi cette échelle pour les non spécialistes ?) relative aux stades phénologiques des fruits à noyaux. Les périodes de floraison ont été notées selon le calendrier grégorien.

Résultats obtenus

La période de floraison observée chez les différentes variétés (variétés ou cultivars ? voir Figure 1) d’amandier est étalée sur une durée totale de l’ordre de 60 jours, avec un décalage noté entre ces variétés. La première accession d’amandier (codifiée 106-44-189-132) a fleuri le 14 Janvier, suivie de la variété ‘Zaaf’ le 22 janvier, alors que les dernières ont fini leur floraison entre le 15 et le 22 mars 2018, à savoir ‘Ferragnès’, ‘Ferralise 142’, ‘Stelleite’, ‘Tuono’, ‘Lauranne’, ‘Mandaline’ et ‘A4SF’.

La floraison chez la majorité des variétés de la collection est concentrée entre fin février et début mars. Généralement, la floraison des variétés à floraison mi-précoce et mi-tardive a durée entre 15 à 17 jours alors qu’elle a dépassé les 20 jours pour les variétés précoces. Cela pourrait être expliqué par l’augmentation des températures à partir de la fin du mois de février.

Figure 1 : Diagramme de floraison des principaux cultivars à floraison précoce, moyenne et tardive.

Figure 1 : Diagramme de floraison des principaux cultivars à floraison précoce, moyenne et tardive.

La figure 1 montre le diagramme de floraison relatif à deux groupes de variétés faisant objet de cette étude : il s’agit des variétés à floraison de saison et des variétés à floraison tardive. La variété ‘Fournat de Breznaud’ utilisée en tant que pollinisateur n’a pas une floraison parfaitement concordante avec celle de ‘Marcona’. En effet, la floraison de ‘Marcona’ débute le 16 février, tandis que ‘Fournat de Breznaud’ ne commence à fleurir qu’après 12 jours (28 février). Par conséquence, la pleine floraison de ‘Marcona’ se trouve décalée du début de floraison de ‘Fournat de Breznaud’. De même, la discordance de floraison a été remarquée au niveau des variétés à floraison tardive surtout pour l’association ‘Ferragnès’ et ‘Ferraduel’, ayant montré un décalage de quatre jours. Néanmoins, ce décalage risquerait d’être plus allongé dans les années à venir, en raison de l’accentuation des effets des changements climatiques. Par conséquent, une variabilité génétique importante quant à la période de floraison a été observée au niveau de la collection étudiée renfermant des cultivars et variétés d’amandier de différentes origines géographiques précoces, de saison et tardives.

Conclusion

Le suivi et la caractérisation phénologique de la collection de variétés d’amandier de différentes origines géographiques à Aïn Taoujdate ont montré l’importance de sa diversité génétique. Les résultats de ce travail ont permis de sélectionner cinq variétés ayant une concordance de floraison avec ‘Marcona’ ; il s’agit de ‘Ramellette N°6’, ‘Tardy Non Pareil’, ‘MarcxArd/7’, ‘Hana douma’ et ‘Douma 102’. Ces variétés qui peuvent être des pollinisateurs potentiels pour ‘Marcona’, feront l’objet d’une évaluation de performance agronomique pour sélectionner le meilleur génotype à même d’être un pollinisateur spécifique de ‘Marcona’ et de proposer une nouvelle association variétale d’amandier à mettre en culture dans le futur. D’autres variétés à floraison tardive qui s’échappent au problème de gelées printanières, à savoir ‘Lauranne’, ‘Tuono’, ‘Mandaline’, ‘Stelleite’ et ‘A4SF’, sont retenues pour des évaluations additionnelles d’autofertilité et de performance agronomique.

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