REPONSE DE LA FEVE A LA MUTAGENESE CHIMIQUE : IMPLICATION DE LA TAILLE DES GRAINES.

Oumaima Chetto (1), Loubna Belqadi (2), Mohamed Kouighat (1), Etienne Bucher (3), Mohamed El Fechtali (1), Rokhaya Ymelda Ndiaye (1) et Abdelghani Nabloussi (1).

Ir Oumaima Chetto
Généticienne
URAPRCG-INRA Meknès

La fève (Vicia faba L.), légumineuse d’importance majeure, occupe une place prépondérante dans l’agriculture mondiale grâce à ses qualités nutritionnelles, son adaptabilité et sa contribution aux systèmes agricoles durables. L’emploi de la mutagenèse chimique, notamment via l’Éthyl Méthanesulfonate (EMS), s’est révélé être un outil précieux dans les programmes de sélection de la fève. Cette technique permet d’induire une variabilité génétique et de développer des cultivars améliorés en un temps relativement réduit. Toutefois, la détermination de la concentration optimale d’EMS reste un défi majeur, comme en témoigne la grande diversité des protocoles rapportés dans la littérature.

Les recherches publiées mettent en évidence une large gamme de concentrations d’EMS. Certaines études ont rapporté l’utilisation de concentrations relativement faibles, allant de 0,01% à 0,05% (Abo-Hegazi, 1979; Longhi et al., 2011; Khursheed et al., 2015, 2018; Nurmansyah et al., 2020). A l’opposé, d’autres investigations ont appliqué la mutagenèse avec des concentrations plus élevées, dépassant 0,1% et atteignant 1% (Filippetti et De Pace, 1986; Elmeer et al., 2016; Shahwar et al., 2017; Haridy et al., 2022).

Par ailleurs, les variétés botaniques des fèves, fèverole (minor), févette (equina) et fève (major) sont souvent négligées lors de l’application de la mutagenèse par EMS. Des études sur Vicia faba L. et d’autres espèces ont émis l’hypothèse que la taille des graines pourrait influencer la sensibilité aux mutations induites par l’EMS (Chen et al., 2023). D’autres études ont émis l’hypothèse que les variétés de féverole à petites graines présentent une sensibilité plus importante aux agents mutagènes, notamment l’EMS, comparativement aux variétés à grosses graines (Rajendran et Lakshmi, 2006; Shah et al., 2008). Cela suggère que les graines plus grosses pourraient posséder une plus grande capacité de tamponnage, atténuant potentiellement les effets mutagènes par rapport aux petites graines.

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EVALUATION DE VARIETES ET LIGNEES DE COLZA SOUS SECHERESSE PRECOCE AUX STADES DE GERMINATION ET DE CROISSANCE DES PLANTULES

Abdelghani Bouchyoua et Abdelghani Nabloussi (INRA Meknès)

Abdelghani Bouchyoua
PhD Student
INRA Meknès
USMBA FPD Taza

Partout dans le monde, les plantes vivent dans des environnements en constante évolution, souvent défavorables ou stressants pour leur croissance et leur développement. Ces conditions défavorables comprennent les stress abiotiques, tels que la sécheresse, la chaleur, les carences en nutriments, le froid et la salinité, ainsi que les stress biotiques, tels que les attaques d’herbivores et les infections pathogènes. L’un des stress abiotiques les plus importants qui nuisent à la germination et au rendement des graines est la sécheresse qui impacte plus de la moitié des rendements des cultures de base à l’échelle mondiale (Zhao et al., 2021). La sécheresse affecte considérablement la germination des graines, entraînant une diminution de la densité et du rendement des plantes. À l’avenir, on s’attend à une augmentation des fréquences des sécheresses dans certaines régions du monde, induites par le changement climatique. Compte tenu de l’augmentation de la population mondiale et de la demande alimentaire, la sécheresse pourrait provoquer de graves pénuries alimentaires à l’avenir. Par conséquent, il est donc urgent de produire des variétés de cultures capables de s’adapter à de telles conditions et de maintenir des niveaux de productivité élevés serait d’une importance considérable pour la sécurité alimentaire mondiale (Kumar et al., 2021). 

Le colza ( Brassica napus L.) reste depuis longtemps l’espèce majeure de la famille des Brassicacées cultivée dans le monde. Il est cultivé sur plus de 36 millions d’hectares, avec une production mondiale de 71 millions de tonnes (FAOSTAT, 2023). Cette plante occupe une position importante dans la production mondiale de biocarburant elle est également utilisée comme culture comestible et industrielle polyvalente. De plus, son importance nutritionnelle se reflète dans la richesse en acides gras monoinsaturés , acides aminés, fibres, vitamines essentielles et minéraux (Channaoui et al., 2020). L’huile de colza se distingue par ses niveaux plus élevés d’ acide oléique (environ 60 %) et d’acide linolénique (oméga-3, environ 10 %) par rapport aux autres cultures oléagineuses, offrant des bienfaits accrus pour la santé humaine.

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YASMINA ET RAEDA : DEUX NOUVELLES VARIETES DE FEVE HAUTEMENT PRODUCTIVES.

Oumaima Chetto & Zain El Abidine Fatemi (INRA Meknès)

Ir Oumaima Chetto
Généticienne
URAPCRG – INRA Meknès

Les légumineuses, dont la fève, jouent un rôle essentiel dans l’agriculture, non seulement en fournissant une source de protéines et de nutriments, mais aussi en atténuant les effets du changement climatique grâce à leur capacité unique à fixer l’azote atmosphérique dans le sol, améliorant ainsi sa fertilité et réduisant la dépendance aux engrais chimiques.  Récemment, deux nouvelles variétés de fèves, ‘Yasmine’ et ‘Raeda’, ont été inscrites au catalogue officiel marocain en 2022 et 2023, respectivement, enrichissant ainsi l’offre semencière nationale des fèves. Cette diversification des variétés vise à répondre aux différents besoins agronomiques et aux conditions de culture variées rencontrées dans les régions productrices. De plus, ces deux variétés ont manifesté un potentiel prometteur lors des évaluations sur le terrain. Elles ont été particulièrement appréciées par les agriculteurs dans le cadre de journées de démonstration et de sessions de sélection participative, où elles ont été comparées aux variétés anciennes largement cultivées au Maroc.

L’approche de sélection participative, qui implique directement les agriculteurs dans le processus d’évaluation, est reconnue comme une méthode efficace pour identifier des variétés adaptées aux conditions locales et aux préférences des producteurs. Elle permet non seulement d’évaluer les performances agronomiques des nouvelles variétés dans des conditions réelles de culture, mais aussi de prendre en compte les critères de sélection spécifiques des agriculteurs, tels que les caractéristiques morphologiques, les qualités organoleptiques ou encore l’adaptabilité aux pratiques culturales locales. L’appréciation positive de ces nouvelles variétés par rapport aux variétés anciennes suggère qu’elles pourraient offrir des avantages agronomiques ou qualitatifs importants.

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LES JEUNES RURAUX FACE AUX MUTATIONS DU MONDE RURAL MAROCAIN

Noureddine BAHRI, INRA Meknès

Ir Noureddine Bahri, Information-Communication, SRD - CRRA Meknès
Ir Noureddine Bahri
SRD – CRRA Meknès

Les jeunes ruraux marocains sont longtemps restés à la marge des priorités autant des politiques que des études scientifiques. Un intérêt nuancé leur a été toutefois accordé depuis une vingtaine d’année grâce à la primauté accordée par des organisations de la coopération internationale aux jeunes en général et aux jeunes ruraux en particulier. L’objectif visé est de capitaliser sur le potentiel des jeunes générations pour impulser une nouvelle dynamique au processus endogène de développement dans les pays en voie de développement. Cet intérêt s’est accentué par l’émergence sur la scène du développement local en milieu rural, durant les années 90, de nouveaux acteurs à dominance juvénile, que sont les associations et coopératives. Les évènements des « Printemps arabes » sont de même intervenus en 2011 pour mettre en exergue non seulement les aspirations des jeunes pour un avenir meilleur, mais aussi la position de premier plan des acteur.trice.s associatif.ve.s dans le domaine de l’encadrement et de la mobilisation citoyenne.

Mais, qui sont les jeunes ruraux de nos jours ? quelles sont leurs ambitions ? Quels rapports entretiennet-ils avec l’agriculture dans un monde rural en mutation ?

Une réalité accablante

Si l’effectif des jeunes hommes et femmes du rural marocains, âgés de 15 à 24 ans, se chiffre à 5 millions de personnes, soit 14% de la population marocaine totale (HCP, 2023), il n’en demeure pas moins que plusieurs analystes considèrent que les jeunes constituent une catégorie aux contours sociaux indéfinis (Zerhouni, 2019). Une délimitation statistique de la jeunesse serait ainsi à préciser et à compléter afin de permettre au concept de saisir pleinement les différentes dimensions sociales en jeu. En effet, les coupures, soit en classes d’âge, soit en générations, sont tout à fait variables et sont un enjeu de manipulation. La jeunesse et la vieillesse ne sont pas des données figées, il s’agit de notions construites socialement dans la lutte entre les jeunes et les vieux (Bourdieu, 1978).

Être jeune revient en fait à s’identifier à une position relationnelle socialement et culturellement, vis-à-vis d’autres générations et par rapport à l’accès à des attributs et ressources qui confèrent une compétence sociale et un pouvoir ; prise de parole (Chauveau, 2005). En effet, les jeunes ruraux au Maroc, même quand ils sont d’un âge assez avancé, se réclament eux-mêmes de la jeunesse, particulièrement quand ils vivent au sein de l’exploitation familiale gérée par leurs pères qui accaparent le pouvoir de décision sur le foncier et sur sa gestion et réduisent l’ambition de leurs enfants à plus d’autonomie et d’individuation (Kadiri et Errahj, 2015 ; Faysse et al., 2015).

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SUIVI DE LA DYNAMIQUE DES ELEMENTS NUTRITIFS AU NIVEAU FOLIAIRE POUR LE RAISONNEMENT DE LA FERTILISATION DU FIGUIER

Dr Rachid Razouk, INRA CRRA Meknès

Dr Rachid Razouk, chercheur en agrophysiologie des arbres fruitiers et de l’olivier, URAPV - CRRA Meknès
Dr Rachid Razouk, chercheur
Agrophysiologie des arbres fruitiers et de l’olivier
SRD – CRRA Meknès

En arboriculture, le suivi de la variation saisonnière de la concentration des éléments nutritifs au niveau foliaire revêt un grand intérêt pour le raisonnement des périodes d’apport des engrais en arboriculture. Ce suivi renseigne également sur les périodes optimales pour la réalisation du diagnostic foliaire, pendant lesquelles, les teneurs en éléments sont relativement stationnaires. Dans cette optique, les analyses foliaires de N, P, K, Ca et Mg ont été réalisées par intervalle de 15 jours tout au long du cycle du figuier sur trois arbres d’un cultivar bifère tardif en pleine production, âgés de 7 ans. Les arbres suivis, au domaine expérimental de l’INRA à Ain Taoujdate, étaient irrigués au goutte à goutte à 100% ETc et bien fertilisé à 75-67-75 g NPK/arbre. Ils ont été également bien entretenus en termes de protection phytosanitaire et de gestion de mauvaises herbes. A chaque date depuis le départ de végétation, des échantillons de 10 feuilles de taille la plus représentative ont été prélevés, lavés, séchés à l’étuve à 80°C pendant 48 jours et broyés en attente des analyses.

Les résultats acquis ont mis en exergue que la variation saisonnière des teneurs foliaires en N, P, K, Ca et Mg semble être régulière dans une certaine mesure, en fonction de l’âge des feuilles. Les tendances saisonnières des courbes d’évolution sont présentées dans la figure 1. La teneur foliaire en azote était relativement élevée lors du départ végétatif au début du mois d’avril (3,98%), mais avec la croissance de la feuille, elle a rapidement chuté à 2,77%, vers mi-avril, pour atteindre un niveau de 1,62 % en septembre. La diminution de la teneur en azote au cours du cycle pourrait être due à sa mobilisation vers les fruits en croissance et d’autres parties de l’arbre. Des résultats similaires ont été rapportés par Ersoy et al. (2003).

La courbe de la dynamique de P était similaire à celle de N. Le P foliaire a diminué avec le temps et est resté à une valeur stationnaire dans les feuilles âgées de 4 mois et plus. De même pour K, sa teneur a diminué avec l’avancement de l’âge de la feuille, avec une période stationnaire au mois d’août. Une tendance de variation similaire de ces deux éléments a été rapportée par Hakerlerler et al. (1998). Cependant, les teneurs en Ca et Mg ont augmenté avec l’âge de la feuille, en montrant un certain ralentissement à partir de mi-juillet (Figure 1).

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