Edito : LE SEMIS DIRECT SUR 1 MILLION D’HECTARES AU MAROC DANS LE CADRE DE LA NOUVELLE STRATEGIE « GENERATION GREEN 2020-2030″. Par Rachid Moussadek (Chercheur, INRA Rabat)

Dr Rachid Moussadek, Chercheur INRA Rabat

Dr Rachid Moussadek, Chercheur INRA Rabat

Le stress hydrique constitue une menace sérieuse pour l’agriculture marocaine, notamment les systèmes céréaliers, vu les évènements de sècheresse durant les dernières décades et la récurrence future de ces évènements selon les scénarios climatiques jusqu’à 2050. En plus, la dégradation des sols agricoles, dont les deux tiers sont menacés par l’érosion, a pris une ampleur alarmante.

L’Agriculture de conservation, notamment le Semis Direct (SD), constitue une alternative d’amélioration durable de la productivité des terres agricoles dans les zones pluviales, notamment pour les grandes cultures. Les résultats des recherches menées depuis les années 1980 par l’INRA et d’autres équipes de recherche aux niveaux national et international ont démontré que le SD constitue une technologie appropriée pour l’adaptation aux changements climatiques. Aussi ce système peut réduire la dégradation des sols vu qu’il permet d’améliorer leur qualité et de leur fertilité.

La valorisation des acquis de recherche dans ce domaine mérite une attention particulière étant donné les investissements déjà réalisés par le consortium de la recherche (INRA, IAV, ENA et ENFI) et d’autres partenaires (ICARDA, UM6P-Almoutmir, etc.) en termes de conception et développement de semoirs pour le SD adaptés aux conditions marocaines et la dissémination des résultats obtenus par les agriculteurs adoptant cette technologie dans différentes régions du Maroc. En plus des effets bénéfiques sur la qualité des sols, la supériorité en termes de productivité et de rentabilité du SD par rapport au semis conventionnel a été démontrée et confirmée, notamment pendant les années sèches. Dans ce sens, les derniers efforts déployés par les acteurs locaux pour la promotion de ce système méritent d’être renforcés pour atteindre les objectifs de la nouvelle stratégie GG.

Le système Semis Direct, comme technologie intelligente face au changement climatique, est ainsi promu pat la nouvelle stratégie Génération Green (GG) qui vise à assurer une production agricole durable en tenant compte de la conservation des ressource naturelles (sols et eaux).

Zones cibles du programme SD - Generation Green 2020-2030

Zones cibles du programme SD – Generation Green 2020-2030

L’objectif de ce nouveau programme est de renforcer l’adoption du SD au Maroc sur 1 Mha à l’horizon 2030 pour améliorer les rendements dans les systèmes céréaliers et améliorer la fertilité des sols en comptant avec les effets bénéfiques du SD sur la séquestration du carbone.

Le projet cible les principales régions céréalières : Casablanca-Settat, Meknès-Fès, Marrakech-Safi, Rabat-Salé-Kénitra, Beni Mellal-Khenifra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Cette technologie peut être disséminée vers d’autres régions agricoles.

Soutenir l’adoption à grande échelle du SD au Maroc sur la période 2020-2030, dans le cadre de la stratégie Generation Green, permettra ainsi de renforcer la résilience agro-climatique et la durabilité du système céréalier et améliorer la santé des sols agricoles au Maroc.

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LA DIFFUSION DU SEMIS DIRECT DANS LA REGION FES-MEKNES. Par Mohamed Essiari (DRA Fès-Meknès) & Aziz Fadlaoui (INRA CRRA Meknès)

Ir. Mohamed Essiari (DRA Fès-Meknès)

Ir. Mohamed Essiari (DRA Fès-Meknès)

Le travail du sol a été adopté en vue d’ameublir le sol, préparer le lit de semence, gérer les adventices, etc. Néanmoins, ce mode de conduite a été remis en cause vers la fin des années 1930, aux Etats Unis, suite à l’évènement catastrophique de « Dust Bowl » (Chabert et Sarthou, 2017). Une autre alternative, baptisée Agriculture de Conservation des Sols (ACS), avait pris naissance pour lutter contre l’érosion et faire face à l’augmentation des prix de l’énergie (Friedrich et al., 2012). Cette alternative repose sur trois principes : la simplification du travail du sol ; le maintien d’un couvert permanent ; et la pratique de rotations longues et diversifiées (Laurent, 2015). La simplification du travail du sol englobe un gradient continu allant de la réduction du nombre d’outils aratoires jusqu’à l’élimination complète de toute action mécanique sur le sol ou semis direct (SD).

Au Maroc, les recherches sur le SD ont été initiées depuis le début de la décennie 1980 et poursuivies jusqu’à nos jours. En matière de transfert de technologie, de nombreuses actions ont été entreprises depuis le début de la décennie 1990 (El Brahli et al., 1997). En 2009, cette technologie a été retenue en tant que mesure d’adaptation dans le cadre du plan national de lutte contre le réchauffement climatique. Elle a ensuite été intégrée dans la mise en œuvre de projets du Plan Maroc Vert. En 2018-2019, l’OCP-Al Moutmir ont lancé un programme national de diffusion de cette technologie. La stratégie Génération Green (GG) a réitéré l’intérêt porté à cette technologie en lui dédiant un programme national visant à atteindre un million d’hectares à l’horizon 2030. Compte tenu de ce contexte, cette note vise à mettre l’accent sur le processus de diffusion du SD dans la région Fès-Meknès (F-M) en lien avec les principes de l’ACS. Continuer la lecture

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EXPÉRIENCE DE L’ECOLE NATIONALE D’AGRICULTURE DE MEKNÈS EN AGRICULTURE DE CONSERVATION. Par Dr Abdellah Aboudrare (ENA Meknès)

Dr. Abdellah ABOUDRARE Unité de Machinisme Agricole Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès

Dr. Abdellah ABOUDRARE
Unité de Machinisme Agricole
Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès

EXPÉRIENCE DE L’ECOLE NATIONALE D’AGRICULTURE DE MEKNÈS EN AGRICULTURE DE CONSERVATION.

Plus de 30 années de Recherche-Développement dans le domaine du Semis Direct pour une transition vers une agriculture de conservation résiliente et durable

Dans le contexte du changement climatique, l’adoption des bonnes pratiques de production durable des cultures visant l’optimisation de la production et la conservation des ressources naturelles (sol, eau, air, biodiversité, etc.) s’avère nécessaire. L’agriculture de conservation permet la production durable des cultures tout en favorisant la préservation des ressources naturelles. Ce mode de production connait aujourd’hui une extension importante à travers le monde (180 Millions d’hectares), notamment en Amérique du nord, Amérique du sud et en Australie, et constitue aujourd’hui l’une des priorités de la politique agricole du Maroc dans la stratégie Green Génération (2020-2030). L’agriculture de conservation repose sur trois principes à savoir, la perturbation minimale du sol (non travail du sol, semis direct), la couverture permanente du sol et la diversification culturale. Elle suppose également une gestion raisonnée et durable des autres pratiques culturales (semences, fertilisation, désherbage, gestion des maladies et ravageurs, etc.). La technologie de semis direct, constituant l’un des piliers de l’agriculture de conservation, contribue à la conservation des ressources en sol et en eau et de la biodiversité du sol. Elle a également un impact positif sur la séquestration du carbone dans le sol et par conséquent contribue à l’atténuation des effets du changement climatique. Elle permet également le gain du temps et la réduction du tassement du sol, des émissions du CO2 et des charges de travail en raison de la réduction du nombre de passage des tracteurs et des outils agricoles.

Dans le cadre de ses activités, l’Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès a entamé les recherches sur la technique de semis direct des grandes cultures (céréales, oléagineux et légumineuses) depuis le début des années 90, et notamment dans le cadre du projet de coopération Marocco-Allemande GTZ (1989-1998) sur le développement de la mécanisation agricole dans la région de Meknès. Continuer la lecture

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LES VARIÉTÉS DE BLÉ TENDRE ET DE BLÉ DUR LES MIEUX APPROPRIÉES POUR LE SEMIS DIRECT AU MAROC. Par Abdelhamid Ramdani et Hafid Ibriz (INRA Meknès) et Rachid Moussadak (INRA Rabat)

Dr Abdelhamid Ramdani, Chercheur Phytopathologie / Amélioration (URPP - CRRA Meknès)

Dr Abdelhamid Ramdani, Chercheur Phytopathologie / Amélioration (URPP – CRRA Meknès)

Les objectifs de sélection les plus importants dans un programme d’amélioration du blé sont le rendement grain et qualité, et la résistance / tolérance aux stresses biotiques et abiotiques. Pour atteindre ces objectifs, les activités de sélection variétale doivent être menées dans des conditions appropriées. Cependant, presque tous les programmes nationaux de sélection sont menés dans le système de travail du sol conventionnel, malgré le fait que l’agriculture de conservation (AC) définie comme une perturbation minimale du sol (pas de travail du sol) et une couverture permanente du sol (mulch) est de plus en plus adoptée. A noter que le non labour ou travail minimum du sol est l’épine dorsale du système d’AC.

Au Maroc, le concept de réduction ou d’élimination du travail du sol a été introduit dans le semi-aride Marocain dans les années 1980 [3-5]. Cependant, le taux d’adoption de cette technologie par les agriculteurs marocains reste limité principalement à cause de la rareté d’équipements adaptés. Les chercheurs de l’INRA-Maroc et de l’ICARDA ont produit des preuves scientifiques claires qui prouvent que l’agriculture de conservation (AC) est très bénéfique pour le système agricole marocain et ont convaincu les décideurs d’intégrer ce système (AC) dans la nouvelle stratégie marocaine ‘Génération Green 2020-2030′. En conséquence, le 12 novembre 2021, le ministère de l’Agriculture a annoncé que jusqu’à un million d’hectares de céréales seraient cultivés en AC d’ici 2030. Continuer la lecture

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EFFET DE DIFFERENTES TECHNIQUES D’INSTALLATION DU COLZA SUR SA LEVEE ET SA PRODUCTIVITE DANS LE SAIS. Par El Mehdi RAID (ENA Meknès – CRRA Meknès), Abdellah ABOUDRARE (ENA Meknès), Abdelghani NABLOUSSI (CRRA Meknès).

El Mehdi RAID (Etudiant ENA Meknès)

El Mehdi RAID (Lauréat ENA Meknès)

Le semis direct, comme étant l’un des piliers de l’agriculture de conservation, constitue une technique de plus en plus pratiquée pour atténuer et s’adapter aux effets néfastes des changements climatiques. Ce travail a pour objectif d’évaluer l’effet de la technique du semis direct sur le comportement et les performances du colza (Brassica napus L.), en comparaison avec d’autres techniques d’installation de la culture. La méthodologie de travail suivie consiste à comparer quatre modalités d’installation du colza : travail conventionnel à base du chisel (T1), travail minimum à base du vibroculteur (T2), semis direct avec un semoir classique (T3) et semis direct avec un semoir spécial pour le semis direct (T4). Les résultats obtenus ont montré que, le traitement T4 a engendré une levée synchrone et homogène, avec le taux de levée le plus élevé de 81,3 % en moyenne et un coefficient de variation le plus faible de 15,5 %. Le même traitement T4 a engendré un gain de rendement en graines par hectare de 69,18%, 49,69 % et 60,39 % par rapport à T1, T2 et T3, respectivement. De plus, le semis direct (T4) a enregistré l’efficience d’utilisation de l’eau la plus élevée avec une moyenne de 10,3 kg/mm/ha. Cependant, les plantes issues du semis direct (T4) ont subi un stress vu leur densité élevée par rapport aux autres traitements, ce qui s’est répercuté négativement sur leurs paramètres morphologiques et physiologiques (conductance stomatique, indice de chlorophylle, indice d’azote dans les feuilles, teneur en flavonols et température foliaire). En ce qui concerne l’humidité volumique du sol, aucune différence significative n’a été enregistrée entre les différents traitements. Néanmoins, T4 a présenté les valeurs les plus élevées. Continuer la lecture

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