L’Olivier est cultivé depuis environ 6000 ans dans le bassin méditerranéen où se trouve 95% du patrimoine oléicole mondial (C.O.I, 2000). Ses lieux d’origine les plus probables sont la Syrie et l’Iran (Loussert et Brousse, 1978). Les qualités nutritionnelles, organoleptiques, diététiques et médicinales du produit noble notamment l’huile d’olive, récemment confirmées par des résultats de recherches scientifiques assez pointues, expliquent l’intérêt spectaculaire accordé à cet arbre durant les vingt dernières années. Dans tous les pays du pourtour méditerranéen, l’olivier qui symbolise la paix, la sagesse et la prospérité renferme une grande diversité génétique (C.O.I, 2000). A présent, plus de 2000 variétés d’olivier ont été identifiées et sont cultivées dans le monde. En Espagne, 262 variétés ont été répertoriées, 476 variétés en Italie et plus de 150 variétés en Algérie (Loussert, 2011). La création de nouvelles variétés d’olivier nécessite la conservation du patrimoine génétique oléicole et la gestion à long terme de ce germoplasme. Pour ce faire, une bonne connaissance de toutes ces ressources génétiques est indispensable. Ceci constitue, en fait, la première étape pour tout programme d’amélioration génétique.
Quelques travaux de caractérisation morphologique et d’évaluation agronomique des ressources génétiques de l’olivier réalisés en France et à l’INRA Maroc
L’identification variétale est basée sur la caractérisation morphologique et l’évaluation agronomique et technologique des variétés d’olivier. De plus, la pertinence des outils moléculaires est en mesure de confirmer les résultats des études primaire et secondaire de ces variétés. En France, les premiers travaux de caractérisation morphologique ont décrit 103 variétés d’olivier (Ruby, 1918). A l’INRA Maroc, une bonne partie des collections des variétés d’olivier a fait l’objet de plusieurs travaux de caractérisation morphologique et d’évaluation agronomique. Ces études ont été basées sur les méthodologies de travail utilisées à l’époque. Les premiers résultats ont été publiés depuis plus de 25 ans (El Moundi, et Bouzroud, 1981 ; Chahbar, 1990 et Moukhli, 1990). Certaines variétés d’olivier, sélectionnées en se basant sur les premiers résultats de ces travaux, ont été identifiées selon le descripteur des variétés d’olivier utilisé en Espagne (Barranco et Rallo Romero, 1984). Ces résultats sont rendus publics (Krimi Bencheqroun, 1996). En 1997, le projet ‘Ressources génétiques de l’olivier’ s’était fixé comme objectif principal d’uniformiser la description des variétés d’olivier dans tous les pays oléicoles (C.O.I, 2000). Ainsi, en se référant au nouveau descripteur des variétés d’olivier (C.O.I, 1997), la matrice regroupant les codes morphologiques, constitués par les 15 caractères les plus discriminants entre les variétés d’olivier, relatifs à 43 variétés issues de la collection d’olivier de Ain Taoujdate d’origines diverses, a été élaborée (Krimi Bencheqroun et Hadiddou, 2002). En effet, les 15 caractères les plus discriminants entre les variétés d’olivier sont les suivants, précédé chacun par le code correspondant qui lui est attribué par le descripteur des variétés d’olivier (C.O.I, 1997) :
Dans ce même cadre, la caractérisation morphologique de 43 variétés provenant de la collection Menara et de 10 variétés d’olivier, dont huit autochtones, identifiées dans la région d’Ouazzane a été faite. Ce travail a porté aussi sur l’évaluation agronomique de toutes ces ressources génétiques (Krimi Bencheqroun et al., 2002). La même méthodologie de travail a été adoptée et complétée pour l’identification et la caractérisation des variétés d’olivier cultivées en France (Moutier et al., 2004).Etant donné l’importance de l’interaction Génotype X Environnement, des travaux de caractérisation morphologique et d’évaluation agronomique de quelques variétés d’olivier, ayant fait leur preuve dans plusieurs environnements, ont été conduits dans différentes régions du Maroc à savoir celles de Boulemane, Meknès et Taounate. Les résultats préliminaires de ces travaux de recherche ont été publiés (Krimi Bencheqroun, 2014).
Principes de la caractérisation morphologique et agronomique des variétés d’olivier
La caractérisation morphologique des variétés d’olivier est basée sur la description de l’arbre, de la feuille, du fruit et du noyau. Les caractères relatifs au noyau sont les plus discriminants entre les variétés. Ces derniers sont relativement moins influencés par l’environnement et ils permettent, par conséquent, plus de distinction entre les variétés d’olivier (C.O.I, 1997). Ces caractères sont les suivants:
- Le port de l’arbre qui peut être, selon les variétés, dressé, étalé ou retombant,
- La feuille: la longueur, la largeur, la forme qui est déterminée par le rapport longueur sur largeur, la courbure longitudinale du limbe, la courbure transversale du limbe et en fin la brillance de la face supérieure de la feuille,
- Le fruit : la forme, la symétrie du profil, la base, le sommet, le mamelon, la position du diamètre transversal maximal, la densité des lenticelles, les dimensions des lenticelles et la localisation initiale de la véraison,
- Le noyau : la forme, la symétrie du profil, la symétrie de la face, la base, le sommet, le mucron, la position du diamètre transversal maximal, la surface, le nombre de sillons fibrovasculaires et leur distribution sur le noyau.
Tandis que l’évaluation agronomique des variétés d’olivier est faite à travers les caractères suivants:
- La multiplication: le pourcentage de reprise au bouturage qui est, selon les variétés, bon, moyen ou faible,
- La croissance végétative qui est soit faible, moyenne ou élevée,
- La vigueur de l’arbre qui est soit réduite, moyenne ou forte,
- La tolérance aux maladies et aux ravageurs,
- Les caractéristiques de la floraison à savoir la précocité, la période, l’intensité…
- La production qui est évaluée en se basant sur le rendement olive et la teneur en huile. Il faut noter que l’évaluation de certains caractères agronomiques est répétée pendant cinq à huit campagnes. Ceci, dans le souci majeur d’augmenter le degré de précision.
Hormis la caractérisation morphologique et l’évaluation agronomique, l’identification précise des variétés d’olivier nécessite le recours à la caractérisation moléculaire de ces dernières. De même, la caractérisation technologique et organoleptique de l’huile provenant des différentes variétés d’olivier est d’un intérêt pratique certain. En effet, une bonne connaissance des différentes variétés d’olivier permet d’éviter les erreurs de dénomination. Ce qui est indispensable par rapport à la démarche relative aux appellations d’origine contrôlée (A.O.C). D’où l’intérêt de toutes ces composantes de la caractérisation et de l’identification des différentes variétés d’olivier cultivées localement par rapport à une bonne valorisation de l’oléiculture nationale.
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Références bibliographiques
– Chahbar, A., 1990, Bilan des travaux de recherche sur l’Olivier au Maroc. 3ème Année Mondiale de l’Olivier, ALAWAMIA, N°68. P:1-20. – Conseil Oléicole International, 1997, Descripteur des variétés d’Olivier.
– Conseil Oléicole International, 2000, CATALOGUE MONDIAL des VARIETES D’OLIVIER.
– El Moundi, M., et Bouzroud, H., 1981, Etude du comportement de 40 variétés d’Olivier à la station expérimentale de la Menara. Séminaire International sur la culture intensive de l’Olivier. P:75-84.
– Krimi Bencheqroun, O., 1996, Caractérisation morphologique et évaluation agronomique de douze variétés d’Olivier au Domaine Expérimental de Ain Taoujdate. Mémoire de titularisation à l’INRA. 76 Pages.
– Krimi Bencheqroun, O., et Hadiddou, A., 2002, Résultats de la caractérisation morphologique et de l’évaluation agronomique de la collection d’Olivier (Olea europea L.) de Ain Taoujdate. Premier Symposium sur le développement des cultures oléagineuses au Maroc. IAV Hassan II, Rabat. P: 273-284.
– Krimi Bencheqroun, O., Hadiddou, A., Boulouha, B., Sikaoui, L., et Kartas, A., 2002, Collecte et identification des ressources génétiques des collections d’Olivier de l’INRA et du patrimoine oléicole marocain. Séminaire International de l’Olivier, C.O.I, Marrakech. P:117-135.
– Krimi Bencheqroun, O., 2014, Résultats d’évaluation agronomique des principales variétés d’Olivier (Olea europea L.) dans trois régions du Maroc. Symposium International Oléa 2014 Maroc. Gestion intégrée et durable de la filière oléicole en zones méditerranéennes. SMAHo, Marrakech. P: 51-56.
– Loussert, R., et Brousse, G., 1978, L’Olivier. Col. Tech. Agri. Et Prod. Medt. Edt. Maisonneuve et Larose. Paris. P: 48-50.
– Loussert, R., et Ferrak, A., 2011, Secrets de l’Olivier, PCM consulting. 201 Pages.
– Moukhli, A., 1990, Evaluation de dix sept variétés d’Olivier au Domaine Expérimental de Tassaout. Mémoire de titularisation à l’INRA. 97 pages.
– Moutier, N., Pinatel, C., Martre, A., Roger, J.P., Khadari, B., Burgevin, J.F., Olivier, D., et Artaud, J., 2004, Identification et caractérisation des variétés d’Olivier cultivées en France (tome 1). naturalia publications. 245 pages.
– Ruby, J., 1918, Recherches morphologiques et biologiques sur l’Olivier et sur ses variétés cultivées en France. Paris, Editions Masson. 286 pages.